WhatsApp renforce la sécurité des messages de ses utilisateurs
L’application de messagerie instantanée, rachetée au début de l’année par Facebook, a annoncé qu’elle allait chiffrer les messages échangés entre ses utilisateurs, qui ne pourront plus être surveillés par les autorités.
Les révélations d’Edward Snowden sur le programme de surveillance Prism, en 2013, avaient mis la sécurité au coeur des préoccupations des internautes. Les entreprises du Web espèrent maintenant la loger au creux de nos téléphones. L’application de messagerie instantanée WhatsApp a annoncé qu’elle allait chiffrer les messages échangés entre ses utilisateurs. Cette fonctionnalité sera enclenchée par défaut au sein du service, pour le moment uniquement sur Android. Pour ce faire, WhatsApp s’est associé avec le collectif Open Whisper Systems, qui développe des applications mobile open-source et axées sur la sécurité en ligne.
Le créateur de WhatsApp a grandi en ex-URSS
Pour assurer une confidentialité maximale à ses utilisateurs, WhatsApp va procéder à une technique de chiffrement dites «bout-à-bout» («end-to-end» en anglais). Les messages envoyés au sein du service ne peuvent être déchiffrés, et donc lus, que par leur auteur et son destinataire. WhatsApp ne pourra pas vérifier le contenu des messages envoyés par ses utilisateurs, ni les transmettre aux autorités, par exemple dans le cadre d’une enquête. Un principe cher au coeur du créateur de WhatsApp Jan Koum, qui est né en ex-URSS. «J’ai grandi dans une société où notre quotidien était épié, enregistré et rapporté», expliquait-il au magazine Wired UK au début de l’année. «Personne ne devrait avoir ce droit.»
Les convictions de Jan Koum ont depuis été mises à l’épreuve. Quelques mois après ces déclarations, Facebook rachetait son application pour 19 milliards de dollars, provoquant les inquiétudes de nombreux utilisateurs. Le réseau social allait-il récupérer leurs données personnelles, par exemple pour afficher de la publicité ciblée sur WhatsApp? Le PDG de Facebook Mark Zuckerberg a finalement affirmé qu’il ne comptait pas imposer de réclames sur l’application de messagerie, ni exploiter les données de ses utilisateurs.
Dépasser l’affaire Prism
En chiffrant les conversations des internautes, WhatsApp est surtout soucieux de les protéger de la curiosité des autorités. Le scandale autour du programme de surveillance Prism, utilisé par les services de renseignement américain pour enquêter sur des personnes identifiées comme «suspectes», avait révélé la collaboration forcée de nombreux grands groupes du Web, dont Facebook. Pour éviter ce cas de figure, WhatsApp a donc fait le choix de rendre illisibles toutes les communications effectuées sur son service, y compris de lui-même. «WhatsApp mérite d’être félicité pour son engagement considérable dans ce projet», affirme l’équipe d’Open Whisper Systems sur son blog. «Même si nous n’en sommes qu’au début, il s’agit à ce jour du plus large déploiement de communication chiffrée au monde.»
Avant WhatsApp, d’autres entreprises ont entrepris de sécuriser davantage leurs services. Google propose depuis juin une extension pour son navigateur Chrome qui permet de chiffrer ses communication de bout-à-bout. Il a également annoncé, comme Apple, des mesures pour mieux protéger les informations de ses utilisateurs sur mobile. Une tendance au chiffrement systématiquequi ne plaît pas du tout aux autorités américaines, inquiètes que les criminels puissent profiter de ces nouveaux outils pour échapper à leur surveillance.