Twitter triple ses pertes, l’action chute à Wall Street
Les pertes atteignent 175,5 millions de dollars sur un an. Mais surtout, la croissance, mesurée par le nombre d’utilisateurs actifs du réseau, ralentit. Les investisseurs sont déçus. Le titre perd 9% dans les transactions électroniques.
De notre correspondant à Washington,
Près d’un an après son introduction en bourse, Twitter doit toujours faire ses preuves. Le réseau social a publié lundi soir des résulats trimestriels relativement décevants. Non seulement Twitter ne dégage toujours pas de bénéfices, mais en outre la société californienne fait état de perspectives de croissance moins solides que prévu. Sur le marché de gré à gré, après la clôture de Wall Street, le cours de Twitter en a plongé de 11%.
La société vieille de huit ans n’a dépassé les anticipations que dans un seul domaine: son chiffre d’affaires. Au cours du troisième trimestre ce dernier fait mieux que doubler pour atteindre 361, 3 millions de dollars. Les analystes tablaient plutôt sur 351 millions de dollars.
Pour le quatrième trimestre, Dick Costolo, le patron du réseau social, anticipe un chiffre d’affaires entre 440 et 450 millions de dollars. Les efforts de Twitter pour diversifier ses revenus dans les services mobiles et les applications autres que celles de son site principal, commencent à porter leurs fruits. Malheureusement les pertes trimestrielles de la firme de San Francisco ont presque triplé depuis un an pour atteindre 175, 5 millions de dollars.
Le plus inquiétant est le ralentissement de la croissance de l’audience du réseau. En termes de nombre d’utilisateurs actifs, elle n’est que de 23% sur un an, contre 24% lors du trimestre précédent. Mais si l’on compare le nombre d’utilisateurs de Twitter d’un trimestre à l’autre, on se rend mieux compte de l’essoufflement: l’augmentation de l’audience passe de 6, 3% au second trimestre à 4, 8% aujourd’hui.
Au total Twitter se targue de capter 284 millions d’utilisateurs au moins une fois par mois et n’anticipe au mieux d’en séduire que 288 millions d’ici la fin de l’année. C’est bien là le grand paradoxe entre la réputation mondiale du réseau, devenu référence courante dans les médias, et la réalité de sa popularité. Pour mémoire,Facebook
fin juin comptait 1, 32 milliard d’utilisateurs actifs mensuels. «Notre aspiration est de réaliser la plus grande audience quotidienne du monde» a répété Dick Costolo lundi soir, révélant au passage l’ampleur de la tâche qu’il reste à accomplir.
Une audience deux à trois plus grande
En ajoutant aux internautes enregistrés («logged in») ceux qui viennent simplement à l’occasion sur Twitter pour lire les petites phrases de 140 caractères publiées pour commenter une actualité à chaud, le réseau prétend toucher «deux à trois plus de monde que le nombre d’utilisateurs enregistrés». Dick Costolo se dit «confiant dans la manière de monétiser» cette audience là.
La firme vise donc trois types d’utilisateurs. Au delà de l’usager quotidien, Twitter veut être la plateforme privilégiée de visiteurs occasionnels, qu’ils soient venus au terme d’une recherche délibérée sur internet, ou par le biais d’un clic sur un tweet incorporé à un article ou une application mobile. Pour mieux drainer ce trafic, Dick Costolo définit quatre objectifs pour les prochains mois: simplifier l’usage de Twitter, developper une meilleur service de messagerie, diffuser des contenus exclusifs fournis par les studios de Hollywood et séduire davantage de développeurs d’applications mobiles.En attendant, les annonceurs ont besoin de savoir que l’audience de leurs messages publicitaires sera non seulement bien ciblée, mais surtout suffisamment intéressée par leur contenu. Une mesure du degré «d’engagement» de l’utilisateur de Twitter est donc le nombre de fois qu’il regardera sa «timeline», c’est à dire la liste de messages postés par ceux qu’il suit. Sur ce point Twitter progresse encore. Le nombre total de timelines visionnées est passé en trois mois de 173 milliards à 181 milliards.