Des téléphones sécurisés au doigt et à l’œil
Avec la reconnaissance rétinienne et les capteurs d’empreintes digitales haute résolution, les fabricants de smartphones cherchent une alternative aux mots de passe.
C’est l’iPhone qui a montré la voie. En intégrant un lecteur d’empreintes digitales, il est devenu le premier téléphone grand public à offrir un moyen simple et efficace de déverrouiller l’appareil sans avoir à saisir un code. Comme le capteur détecte aussi la chaleur et l’électricité de la peau, il ne se laisse pas tromper par une photo ou par un doigt coupé. Le système permet aussi de s’identifier sur des sites marchands pour effectuer des achats en ligne ou pour accéder à un compte sécurisé. Et il fonctionne parfaitement, au point qu’on souhaiterait qu’il soit adapté à d’autres produits.
Lecteur haute précision
Plusieurs constructeurs, HTC et Samsung en tête, ont suivi le mouvement. Après un premier essai discutable sur le Galaxy S5, Samsung a revu sa copie avec le Galaxy S6 présenté en ouverture de ce salon. Équipé d’un lecteur d’empreintes digitales comparable à celui de l’iPhone, il se révèle nettement plus fonctionnel. Plus besoin de faire glisser le doigt sur le capteur comme avec le S5: il suffit de le poser bien à plat, et le téléphone est immédiatement déverrouillé. Ici aussi, le système remplace la saisie de mots de passe sur les serveurs protégés et sur les boutiques en ligne.
Les spécialistes en sécurité informatique estiment cependant que les actuels lecteurs d’empreintes digitales présentent des problèmes de fiabilité et de sécurité.
En réponse, l’entreprise américaine Vkansee a présenté un capteur haute définition de 2 000 points par pouce, soit quatre fois celle du capteur de l’iPhone. Cette précision lui permet de détecter tous les détails de la peau, ce qui le rend plus efficace et moins facile à tromper que ses concurrents. Véritable scanneur optique utilisé miniaturisé, le produit de Vkansee ne mesure que 1,50 mm d’épaisseur, ce qui lui permet d’être facilement intégré dans un mobile ou dans une tablette.
Avec les doigts mouillés
Hélas, les capteurs sont incapables de reconnaître l’empreinte d’un utilisateur qui porte des gants ou qui a les doigts humides… À l’exception du Sense ID du fabricant de composants électroniques Qualcomm, qui fonctionne même avec des doigts mouillés ou gras. Son secret? Contrairement aux capteurs qui détectent le relief cutané à partir des points de contact du doigt, la technologie de Qualcomm s’appuie sur des ultrasons.
Comme un radar, le lecteur calcule la durée de transmission de l’onde pour repérer la présence de crêtes et de plis, ce qui lui permet de reconstituer l’image de l’empreinte. Les ultrasons traversent sans problème l’humidité, la sueur ou la crème hydratante et même
certains matériaux: verre, aluminium, inox, plastique, etc. Les constructeurs peuvent donc placer le capteur sous la bordure du téléphone ou sous l’écran. Et il fonctionnera même si l’appareil est protégé par une coque. La démonstration présentée à Barcelone ne laissait aucun doute sur l’efficacité du procédé, qui s’annonce très prometteur.
D’un simple regard
Mais comme la reconnaissance d’empreintes digitales peut compliquer les choses dans différentes situations (mains occupées, doigts très sales), les constructeurs s’intéressent aussi aux technologies qui analysent les caractéristiques non plus du doigt, mais de l’œil. Un procédé ancien qui revient en force avec de nouvelles formules spécialement adaptées au smartphone.
Fujitsu a ainsi présenté un système qui analyse l’iris, c’est-à-dire la partie colorée de l’œil autour de la pupille. L’avantage? Cette membrane est formée d’une multitude de fibres et de muscles qui, comme les empreintes digitales, composent un schéma unique caractéristique de chaque individu. Et son aspect ne change pratiquement pas dans le temps, se stabilisant à partir de l’âge de 2 ans. «Plusieurs personnes renoncent aux fonctions de paiement électronique ou d’accès à des sites sécurisés sur leurs mobiles en raison des problèmes liés à la saisie des mots de passe ou à la reconnaissance d’empreintes digitales, explique un responsable de Fujitsu. L’identification par iris est à la fois plus pratique et plus fiable.» Le système de Fujitsu identifie une personne au moyen d’une caméra infrarouge qui capte tous les détails de l’œil grâce à un éclairage spécial produit par une LED.
Autre technique chez le fabricant chinois ZTE. Le capteur analyse non pas l’iris, mais les vaisseaux sanguins du blanc de l’œil. Un procédé mis au point par la société américaine EyeVerify, qui prétend qu’il est plus efficace et plus rapide que les autres technologies de reconnaissance de l’œil. Ce système présenté sur le smartphone Grand S3 de la marque devrait se retrouver sur d’autres modèles.
Le principe: glissez le doigt vers le bas sur l’écran verrouillé et fixez du regard la petite zone rectangulaire qui apparaît en haut. En 0,8 seconde, la vérification est terminée et le téléphone est déverrouillé. Vu de près, le système se révèle assez impressionnant. Selon un porte-parole de ZTE, il est impossible de tromper le scanneur avec une photo ou une vidéo du propriétaire de l’appareil. Il faudra quand même savoir comment il réagira si l’utilisateur est victime d’une conjonctivite ou qu’il a passé une nuit agitée: pas sûr que les vaisseaux sanguins présentent le même aspect