Terrorisme : Bernard Cazeneuve fait pression sur les géants du Web
VIDÉO – Le ministre de l’Intérieur a annoncé que de nouvelles mesures de contrôle d’Internet allaient être présentées cette semaine. Il souhaite également une meilleure «autorégulation» de la part des réseaux sociaux.
Depuis lundi, Bernard Cazeneuve est le premier cyberflic de France. Après une visite lundi dans les locaux de Pharos, la plate-forme nationale de signalement des contenus illicites en ligne, le ministre de l’Intérieur s’est rendu mardi au Forum international de la cybersécurité de Lille (FIC) avec son homologue allemand Thomas de Maizière. L’intervention tombe à point nommé au moment où le terrorisme sur Internet est dans le viseur de la communauté internationale.
Une loi antiterroriste récente
«Les attentats (de ces dernières semaines) ont démontré l’importance des enjeux de cybersécurité (…) et qu’il fallait adapter notre sécurité à cette menace», a déclaré le ministre de l’Intérieur lors de son discours d’ouverture. Bernard Cazeneuve a fait de la lutte contre le terrorisme sur Internet une priorité. Il a annoncé l’allocation de 108 millions d’euros à la lutte contre la cybercriminalité, terroriste ou non, sans de plus amples précisions. De nouvelles mesures de contrôle d’Internet, demandées la semaine dernière par le premier ministre Manuel Valls et déjà critiquées par les défenseurs des libertés civiles sur Internet, seront présentées mercredi à l’issue du Conseil des ministres. Elles porteront notamment sur une meilleure surveillance des réseaux sociaux. Le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs insisté sur l’importance de la coopération et de l’autorégulation des géants du Web.
À Lille, Bernard Cazeneuve a rappelé les dispositions de la loi antiterroriste du 13 novembre 2014, dont les décrets d’application sont en cours de publication. Elle permet notamment la censure administrative, sans passer par un juge, des sites appelant à des actes de terrorisme. Un autre décret doit permettre le déréférencement de ces sites. L’État pourra ainsi exiger des moteurs de recherche qu’ils suppriment de leurs annuaires les contenus terroristes.
Le ministre de l’Intérieur a également rappelé la création d’un poste de «cyberpréfet» en décembre, attribué à Jean-Yves Latournerie. «La lutte contre les menaces doit faire l’objet d’une organisation dédiée», a martelé le ministre. Sous la coordination du «cyberpréfet», six axes de travail ont été énoncés par Bernard Cazeneuve. Parmi eux: la sensibilisation du public et l’aide à la recherche et au développement. La présence de l’Allemagne, invitée d’honneur du FIC, a permis au ministre d’insister sur le rôle de la collaboration européenne et internationale dans ce domaine.
«Ces attaques sont presque des non-évènements»
Cette 7e édition du FIC se tient quelques jours après la vague d’attaques menée par des pirates pro-islamistes. 1300 attaques touchant 25.000 sites ont été perpétrées dans les jours qui ont suivi les attentats du 7 et 9 janvier. Certaines d’entre elles, baptisées «défacements», consistent à changer la page d’accueil d’un site pour y afficher un message de revendication. Elles sont très facilement réalisables sur des sites mal protégés.
«Un défacement, c’est un graffiti sur un mur. Ces attaques sont presque des non-événements», a relativisé Guillaume Poupard, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). «Toutefois, il faut veiller à ce qu’elles ne dissimulent pas des attaques plus dangereuses.» Des groupes bien mieux organisés que les «cyberdjihadiste» peuvent en effet se livrer à des opérations d’espionnage industriel aux conséquences bien plus dramatiques que de simples défacements.