BD numérique : une application remet les librairies au premier plan

janvier 05, 2015
admin

Créé par une start-up française, Sequencity permet aux internautes d’acheter des BD numériques en profitant des conseils personnalisés de véritables libraires.

«Vous avez aimé ce livre? Vous devriez apprécier celui-là». Ces recommandations d’achat, générées par des algorithmes pointus et présentes sur les principaux sites de vente en ligne, sont sur le papier prometteuses, mais en réalité souvent décevantes. Persuadé que rien ne peut remplacer le conseil prodigué par un être humain, la start-up Actialuna a lancé il y a quelques mois Sequencity. Ce site de vente en ligne de bande dessinées numériques conjugue l’exhaustivité du catalogue propre aux boutiques en ligne et savoir-faire des libraires spécialisés.

En arrivant sur le site de Sequencity, l’internaute peut consulter les sélections de plusieurs librairies. Si seules six enseignes indépendantes sont pour le moment partenaires du site, l’équipe de Sequencity entend signer avec au moins une librairie par grande ville française au cours de l’année 2015. Chaque librairie expose sa sélection de BD, comme dans son magasin, et peut y adjoindre une critique. «Il nous paraissait également important de permettre aux lecteurs de feuilleter l’ouvrage avant un éventuel achat», indique Denis Lefebvre, fondateur de Actialuna. L’ensemble de la BD est donc visible sous forme de vignettes miniatures, les 5 à 20 premières planches pouvant elles être consultées en plein écran.

L’internaute a également la possibilité de poser directement une question au libraire de son choix, qui s’engage à répondre dans les trois heures. Conscient que ce délai peut rebuter, l’équipe de Sequencity songe à permettre à tous les libraires de consulter les questions des clients, afin que le plus rapide – ou le meilleur dans le conseil- remporte la vente. «Tous les libraires ont accès au même catalogue, qui est actuellement de 6500 références en BD franco-belge, comics et mangas, soit une grande partie des fonds BD numérisés à ce jour», précise Denis Lefebvre. Chaque libraire partenaire est équipé d’un iPad, afin de pouvoir gérer ces clients virtuels sans devoir se rendre dans son arrière-boutique, où se trouvent bien souvent l’ordinateur du magasin. «Actuellement, 20 % de nos ventes se font à la suite d’une recommandation».

Un serious game pour les libraires

Le système de Sequencity permet à ces librairies indépendantes de se lancer dans le commerce en ligne sans avoir à se soucier de l’infrastructure technique d’un site Internet, ni de son référencement sur les moteurs de recherche. De son côté, Actialuna se rémunère sur chacune des ventes, en prélevant une partie de la commission donnée par l’éditeur au libraire. «Si la vente se fait grâce à un conseil personnalisé, la part du libraire est plus intéressante que si le lecteur fait son choix sans intervention humaine», explique Denis Lefebvre. Le partage de la commission se fait alors à 50-50 entre Actialuna et la librairie.

Le site compte à ce jour 4500 utilisateurs, dont 450 ayant réalisé plus de trois achats sur la plateforme. Les neuf salariés de la start-up ne manquent toutefois pas d’ambition. Aidé par deux investissements d’avenir du grand emprunt de la présidence Sarkozy, Actialuna travaille en partenariat avec de grands laboratoires de recherche (l’université Pierre et Marie Curie, l’université de La Rochelle, l’institut Mines-Télécom) pour améliorer son application. Il travaille également avec Pertimm, créateur du moteur de recherche Qwant, pour offrir des outils de recherche performants.

Actialuna souhaite aussi faciliter le travail des libraires, et se penche sur la création d’un serious game, qui permettrait aux libraires de mettre à jour leur fonds numérique de manière ludique. Ce serious game est financé par une aide de la région Ile-de-France. La start-up songe également à la vente couplée «BD papier-ebook» – sous réserve du feu vert de l’éditeur-, et rêve de pouvoir publier des comics ou des manga dans les 24 heures suivant leur parution au Japon ou aux États-Unis, afin de limiter le piratage de ces œuvres. Actialuna garde d’ailleurs un œil sur le continent nord-américain, où les ventes de comics numériques sont sous le quasi-monopole de ComiXology, société détenue par Amazon et qui dicte sa loi sur ce marché. «Les éditeurs souhaitent diversifier leurs canaux de distribution. C’est une opportunité pour nous», sourit Denis Lefebvre.