Le FBI veut un accès total aux smartphones des Américains
Les firmes technologiques américaines, depuis l’affaire Snowden, ont renforcé la protection des données de leurs utilisateurs. Le FBI souhaite reprendre le contrôle, pour «mieux résoudre des enquêtes».
Réunion secrète à la Maison-Banche. D’après le magazine politique américain National Journal, plusieurs officiels du FBI et du Département de la Justice ont rencontré des employés du gouvernement américain au sujet de la sécurité des données contenues dans les smartphones. La réunion a eu lieu à huis clos. Elle aurait principalement porté sur la difficulté à résoudre des enquêtes criminelles lorsque les téléphones des suspects sont sécurisés par le chiffrement. D’après les représentants du FBI présents lors de la rencontre, accéder au carnet d’adresses, aux messages, au journal d’appels ou encore aux photos est indispensable lors d’une investigation.
L’affaire Snowden a changé la donne
Le FBI s’inquiète des nouvelles politiques d’Apple et Google concernant la vie privée. Le contenu des iPhone et des derniers Android est chiffré depuis la sortie d’iOS 8 et Lollipop, et donc théoriquement illisible. Auparavant, dans le cadre d’une enquête, un agent de police pouvait accéder à la totalité du téléphone sans problème en le branchant à un ordinateur. Depuis les révélations autour du programme d’écoutes Prism par Edward Snowden, les entreprises high-tech semblent prêtes à tout pour regagner la confiance de leurs clients. «Les répercussions de l’affaire Snowden sont allées trop loin», reconnaissait il y a quelques jours le directeur du FBI James Comey,dans un discours.
Les groupes high-tech profitent d’un vide juridique aux Etats-Unis pour généraliser le chiffrement des données. Une loi datant de 1994 impose aux fabricants de téléphones de prévoir des moyens de surveiller l’activité des utilisateurs. Problème: le texte de loi évoque des types de réseaux cellulaires qui ne sont pas utilisés par les téléphones d’aujourd’hui, les smartphones utilisant la 3G et la 4G. La loi n’a pas été mise à jour et permet donc pour l’instant à Apple ou Google de chiffrer les données de leurs produits. James Comey souhaite que le Congrès américain revoie la loi et oblige les opérateurs, en plus des fabricants, à faciliter la surveillance des citoyens pour le gouvernement. Face à cette perspective, les entreprises high-tech américaines brandissent leurs arguments. Parmi eux, la vulnérabilité des smartphones face aux pirates.
En France au mois de septembre, la députée PS Marie-François Bechtel a fait sensation lors des explications de vote du projet de loi consacré à la lutte contre le terrorisme. «Il faudra demain agir sur les données cryptées», disait-elle, au nom de son groupe politique. Une déclaration floue qui traduit néanmoins l’intérêt de la classe politique sur le sujet.