Google investit dans un outil secret de réalité virtuelle
VIDÉO – Basée en Floride, la start-up Magic Leap a levé près de 542 millions de dollars auprès d’investisseurs de renom. On sait encore peu de choses de sa technologie, qui promet de mêler images de synthèse et vie réelle.
Deux mains d’enfant jointes, sur un fond d’herbe. Elles s’ouvrent, dévoilant un petit éléphant en images de synthèse. L’animal lève sa trompe, comme pour nous saluer, puis s’envole. Voilà la promesse de Magic Leap: mêler le virtuel au monde réel. Cette start-up vient de lever 542 millions de dollars (425 millions d’euros), notamment auprès de Google. Il s’agit d’une des plus grosses levées de fonds de l’année, comparable avec celle réalisée par Airbnb (450 millions de dollars) maisencore loin du record d’Uber (1,2 milliard de dollars). Lancée il y a trois ans et plutôt discrète jusqu’alors, Magic Leap affole aujourd’hui la Silicon Valley depuis sa Floride natale. Pourquoi tant d’agitation autour de cette mystérieuse entreprise?
• Parce qu’elle entretient le mystère
Magic Leap a aiguisé les intérêts de géants dans différentes industries, du Web au cinéma en passant par le mobile. On ne sait pourtant presque rien de ses produits. Pendant trois ans, elle a développé sa technologie dans le plus grand secret. «Magic Leap est un idée», peut-on lire sur son site officiel. «Celle que les hommes ne devraient jamais avoir à choisir entre la technologie et la sécurité, la technologie ou la vie privée, la vie réelle ou virtuelle.»
Le PDG de Magic Leap, Rony Abovitz, est connu pour avoir co-fondé l’entreprise MAKO Surgical Corp, qui se spécialise dans les robots médicaux. Invité à présenter Magic Leap dans le cadre d’une présentation Ted, il a montré une autre facette de son expertise: l’autodérision. C’est vêtu d’un costume de cosmonaute qu’il a débarqué sur scène, accompagné de deux monstres colorés. Six minutes délirantes au bout desquelles le public n’aura finalement rien appris sur Magic Leap. Pour en savoir plus, il faudra prendre son mal en patience: d’après Rony Abovitz, la commercialisation de son produit est prévue pour «bientôt».
Parce qu’elle pourrait concurrencer l’Occulus Rift
Face à la presse américaine, Rony Abovitz se montre à peine plus loquace. Interrogé par un journaliste du site TechCrunch, l’entrepreneur a affirmé que Magic Leap entend combiner notre vision et un «appareil très léger». D’après Re/Code, la technologie développée par la start-up est capable de suivre le mouvement des yeux de son utilisateurs, pour y projeter des images. Le site officiel de la start-up présente plusieurs photos superposées à des objets de synthèse: une baleine en 3D qui vole au dessus d’une plage, ou une petite fille qui observe une femme miniature danser sur son lit.
Une seule chose est sûre: Magic Leap ne ressemblera pas à l’Occulus Rift. En mars,Facebook a déboursé 2 milliards de dollars pour acquérir Oculus VR, la start-up qui développe ce casque de réalité virtuelle. Relié à un PC, le Rift plonge ses utilisateurs dans une vue immersive et donne l’impression d’avoir un écran de cinéma tout autour de soi. Grâce à des capteurs de mouvement, l’image bouge en même temps que la tête. Malgré un effet saisissant, l’appareil souffre de défauts, dont une taille imposante qui rend son utilisation peu pratique. C’est sur ce terrain que Magic Leap pourrait avoir l’avantage.
• Parce qu’elle a levé des fonds auprès d’investisseurs réputés
Pour de nombreux investisseurs de la Silicon Valley, la réalité virtuelle représente la prochaine étape de l’industrie des nouvelles technologies, après le mobile. Magic Leap compte ainsi parmi ses investisseurs des noms bien connus, comme le fonds Andreesen Horowitz, qui a déjà investi chez Airbnb, Facebook, Pinterest ou Skype. Elle a également levé des fonds auprès de l’entreprise Qualcomm, qui se spécialise dans les technologies mobile, et de la société de production Legendary Pictures. «Magic Leap adopte une approche totalement différente», a affirmé Thomas Tull, PDG de Legendary Pictures, dans une interview à Techcrunch . «J’ai passé une après-midi à utiliser leur technologie, et je n’ai pas cessé de sourire.»
Magic Leap a surtout réussi l’exploit d’attirer Google pour diriger sa deuxième levée de fonds de 542 millions de dollars. Il est rare que le groupe de nouvelles technologies investisse lui-même dans une entreprise. Il dispose déjà de deux entités, Google Capital et Google Ventures, chargées d’investir dans des start-up prometteuses. C’est pourtant bien Google qui entre au capital de Magic Leap, ce qui pourrait augurer une intégration de sa technologie au sein des produits du géant du Web. Il siègera même au sein du conseil d’administration de Magic Leap, par le biais de Sundar Pinchai, vice-président de Google en charge d’Android et de Chrome.