«Les groupes terroristes n’ont pas leur place sur Facebook»
Propagande djihadiste, interdiction de la nudité ou lutte contre les pseudonymes : Facebook s’explique sur les règles qui régissent le réseau social.
La popularité du plus grand réseau social mondial ne se fait pas sans accrocs. Dix ans après sa naissance et fort d’une audience de 1,3 milliard d’utilisateurs dans le monde et de 28 millions en France, Facebook connaît une année 2014 mouvementée. Monika Bickert, responsable mondiale de la politique de contrôle des contenus sur Facebook, revient sur les dernières polémiques qui ont secoué le réseau social.
LE FIGARO. – Ces derniers mois, Facebook a été accusé d’avoir servi d’outil de propagande pour des groupes terroristes. Quelle est votre politique concernant les contenus violents?
Monika BICKERT. -De nombreux événements difficiles ont lieu chaque jour dans le monde, et certains de nos utilisateurs veulent y sensibiliser leurs amis. C’est pourquoi nous autorisons le partage des contenus choquants tant que ce n’est pas dans le but de célébrer la violence. Les contenus qui font l’apologie de la violence sont en revanche totalement interdits. Nous n’autorisons pas les groupes terroristes à utiliser Facebook, quelle que soit la raison. D’une façon générale, avec 1,32 milliard de personnes sur Facebook, nous comptons sur notre communauté pour nous signaler les contenus qui leur paraissent sensibles. Nous mettons à leur disposition un système de signalement anonyme d’abus. Lorsqu’un utilisateur nous signale un contenu sensible, il est ensuite consulté par une équipe d’employés formés dans ce but. Cette équipe est composée de plusieurs centaines de personnes qui parlent plus d’une vingtaine de langues. Pour la France, par exemple, il existe une équipe d’employés francophones basée à Dublin, en Irlande. Dans le cadre du contrôle des contenus abusifs, nous collaborons aussi avec des associations sur des sujets spécifiques, comme la lutte contre la haine raciale, le harcèlement, la lutte contre le suicide, ou encore la pédophilie. En France, nous discutons par exemple avec la Licra, UEJF, SOS Racisme, SOS Homophobie ou e-Enfance.
La France a récemment voté une loi antiterroriste prévoyant la lutte contre la propagande en ligne. Comment vous adaptez-vous aux différentes législations des pays de vos utilisateurs?
Les contenus illégaux dans un pays donné sont généralement déjà interdits sur Facebook. Néanmoins, dans le cas où une loi locale est plus précise que nos règles, Facebook respecte et applique les décisions de justice du pays.
Facebook a autorisé les photos de mères allaitant leur enfant après de nombreuses protestations d’utilisateurs. Cela signifie-t-il que votre relation avec la nudité en ligne a changé?
Facebook est un produit qui sert à connecter les gens. Nous disposons d’un ensemble de règles uniques qui valent pour le monde entier. Il s’agit d’un sacré défi: nos utilisateurs viennent de cultures différentes, ne parlent pas la même langue et n’ont pas tous la même sensibilité. La nudité n’est pas perçue de la même manière partout dans le monde. Sur Facebook, on peut poster des images de sculptures ou de tableaux représentants des gens nus sans souci. Les utilisateurs sont aussi autorisés à partager des photos d’allaitement ou après une mastectomie.
Facebook, qui interdit les pseudonymes, a autorisé ses utilisateurs transsexuels à changer de nom sur le réseau. Allez-vous changer votre règle sur les pseudonymes?
Quand un utilisateur soupçonne qu’un compte est faux, il peut nous le signaler. En cas de doute, nous demandons au propriétaire du compte de justifier son identité «authentique», c’est-à-dire celle qui reflète sa vie de tous les jours. Or, certains de nos utilisateurs ne pouvaient pas justifier leur identité par un moyen d’authentification classique, comme une carte d’identité. Nous cherchons actuellement à améliorer ce système de vérification. Cela ne signifie pas pour autant que nous autorisons les pseudonymes. Sur Internet, il existe différentes plates-formes pour différentes manières de communiquer. Facebook est un endroit où l’on utilise sa véritable identité pour discuter avec les personnes que nous connaissons dans la vraie vie, tout en garantissant notre vie privée grâce aux paramètres de confidentialité.
Les règles de Facebook semblent mal comprises du grand public, ce qui a pu entraîner des polémiques par le passé. N’y a-t-il pas un problème de communication avec vos utilisateurs?
Nous avons fait des erreurs par le passé et nous avons beaucoup appris. Nous cherchons en permanence à avoir un esprit plus ouvert. Par exemple, nous travaillons à améliorer les messages que nous envoyons pour mieux expliquer notre décision de retirer ou non un contenu signalé de nos pages. La plupart des personnes qui postent des contenus non autorisés ne cherchent pas à faire du mal. Nous devons simplement leur exposer nos règles de la manière la plus claire possible.