Apple et Google s’empoignent sur la sécurité de leurs utilisateurs
Les présidents des deux groupes s’invectivent publiquement sur la question de la protection de la vie privée. Touchés par l’affaire Snowden, ils cherchent à regargner la confiance de leurs utilisateurs.
De l’aveu d’Eric Schmidt, président du conseil d’administration de Google, la compétition avec Applen’a jamais été aussi «féroce». Un mois après la présentation de l’iPhone 6, la tension est maximale entre les deux groupes. Après s’être poursuivis devant les tribunaux du monde entier sur la question des brevets dans les smartphones, ils se toisent sur le niveau de sécurité accordé à leurs utilisateurs.
Tim Cook, le PDG d’Apple, a tiré le premier. Dans une lettre ouverte publiée sur son site mi-septembre, il s’en est pris au modèle de Google, qui offre ses services en échange de publicités ciblées. «Les internautes ont compris que lorsqu’un service Internet était gratuit, vous n’étiez pas le client, mais le produit», a-t-il écrit. «Notre modèle est simple: nous vendons des superproduits. Nous n’établissons pas un profil selon les contenus de vos e-mails ou vos habitudes de navigation Internet, que nous allons ensuite vendre aux annonceurs», a accusé Cook.
Eric Schmidt s’est chargé de laver l’affront. Dans un entretien diffusé jeudi par CNNMoney, l’ancien PDG de Google a esquivé la question des publicités ciblées, mais renvoyé Apple dans les cordes en rappelant les déboires subis le mois dernier, lorsque des photographies de stars volées sur le service de stockage iCloud ont été publiées sur Internet. «Nous avons toujours été pionniers dans la sécurité et le chiffrage. Nos systèmes sont bien plus sécurisés que n’importe qui, y compris Apple. Ils rattrapent leur retard, c’est très bien», a-t-il ironisé.
Une guerre de communication
Apple et Google ont porté leur différend sur le terrain de la sécurité, car la question est brûlante depuis que l’analyste Edward Snowden a révélé l’an dernier les dessous du programme d’espionnage américain. Il a été établi que les groupes Internet avaient dû collaborer avec les autorités américaines pour livrer des informations sur leurs utilisateurs. Discrédités, Apple et Google cherchent depuis à regagner la confiance de leurs utilisateurs, et c’est à qui se montrera le plus vertueux.
Apple comptait marquer des points à l’occasion de la sortie d’iOS 8, la nouvelle version du système de l’iPhone. Il a annoncé qu’il ne pourrait plus déchiffrer les données de ses clients, même si des autorités publiques les lui demandaient. Google a tout de suite répliqué, et annoncé qu’il ferait de même avec le prochain Android L. Les autorités américaines, même si elles disposent de nombreuses autres sources d’information, n’ont pas goûté ces initiatives. «Il s’agit d’un moyen pour certaines personnes d’agir au-dessus des lois», a regretté James Comey, directeur du FBI.
À l’inverse de la guerre des brevets, qui a empoisonné les relations entre Apple et Google durant trois ans, cette bataille autour de la sécurité informatique force au moins les deux groupes à se surpasser. «Si vous mesurez l’innovation du côté d’Apple et de Google, cette compétition – qui façonne je crois l’industrie informatique aujourd’hui -, bénéficie à des milliards de personnes», a assuré Eric Schmidt.